
Le 9 septembre 2025, l’Éthiopie a inauguré en grande pompe le Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD), le plus grand barrage hydroélectrique du continent. Plus qu’une infrastructure, c’est un acte de foi, une déclaration de souveraineté, et une victoire d’un peuple qui a choisi de financer et de porter ce projet envers et contre tout.
Le GERD est situé sur le Nil Bleu, dans la région de Benishangul-Gumuz, à environ 40 km au sud de la frontière avec le Soudan. Cette zone montagneuse et relativement peu peuplée a permis de créer un réservoir massif de plus de 74 milliards de m³, offrant des conditions idéales pour la production hydroélectrique et la régulation des crues.
Une épopée financée par les Éthiopiens eux-mêmes
Contrairement à tant de projets africains dépendants de bailleurs internationaux, souvent assortis de conditions politiques ou économiques contraignantes, le GERD est né de la volonté et des sacrifices du peuple éthiopien. Loin des financements conditionnés des grandes puissances et des institutions financières mondiales, le barrage a été érigé grâce aux fonds nationaux et à la mobilisation populaire :
- Obligations achetées par les citoyens, y compris dans la diaspora ;
- Contributions volontaires et dons patriotiques internes, parfois prélevés sur les salaires des fonctionnaires ;
- Participation ponctuelle de communautés éthiopiennes à l’étranger, sans recourir à des dons massifs étrangers.
Cette indépendance financière, rare en Afrique, confère au GERD une valeur symbolique inestimable : celle d’une nation qui choisit de ne plus déléguer son destin énergétique et économique à d’autres.

Une révolution énergétique et économique
Avec une capacité installée de plus de 5 000 MW, le GERD va transformer l’Éthiopie :
- Fourniture d’électricité abordable pour les foyers et industries, dans un pays où le tarif moyen résidentiel est inférieur à 0,005 USD/kWh ;
- Stimulation de l’industrialisation et de l’attraction d’investissements régionaux ;
- Possibilité d’exporter l’énergie vers le Soudan, Djibouti et le Kenya, générant des revenus en devises et renforçant l’intégration régionale.
La gestion intelligente du barrage pourrait également stabiliser le débit du Nil Bleu et réduire les crues au Soudan, montrant que le GERD n’est pas seulement une victoire nationale mais un instrument de coopération régionale potentielle.
Le GERD et la fierté nationale
Face aux critiques, notamment de l’Égypte, qui a porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et devant l’Union africaine en 2020, l’Éthiopie a tenu bon. Le pays a commencé le remplissage du réservoir malgré les pressions, démontrant que sa priorité est l’intérêt de son peuple et sa souveraineté.
Cette audace historique montre que l’Éthiopie refuse de se soumettre aux diktats hérités des accords coloniaux de 1929 et 1959, qui avaient réservé la quasi-totalité des eaux du Nil à l’Égypte et au Soudan. En construisant et en exploitant seule le GERD, l’Éthiopie affirme son droit à disposer de ses ressources.
Un modèle pour l’Afrique
Si l’Éthiopie est le principal bénéficiaire, la région entière pourrait tirer profit du GERD :
- Le Soudan bénéficiera d’une régulation du Nil Bleu et de l’accès à l’électricité ;
- Djibouti et le Kenya pourront importer de l’énergie renouvelable et moins chère ;
- L’ensemble de la région gagne en sécurité énergétique et en intégration économique.
Le GERD prouve que lorsqu’un peuple mobilise ses ressources, refuse l’assistanat externe et fait preuve d’ingéniosité, il peut réaliser des exploits considérables. Il incarne la renaissance africaine par l’exemple, montrant que la grandeur d’une nation se mesure à sa capacité à agir pour elle-même.
En inaugurant le GERD, l’Éthiopie n’a pas seulement mis en marche des turbines ; elle a enclenché une dynamique d’espérance pour tout un continent. Ce barrage est la cathédrale moderne de l’Afrique, construite par un peuple pour sa dignité et son avenir. Si l’Histoire retient une leçon de ce projet, c’est celle-ci : la souveraineté, l’audace et le travail collectif sont les fondations de la grandeur. Et dans le cas du GERD, tout le mérite revient à l’Éthiopie elle-même.




