Le piège doré de la dette chinoise

Base navale de la Chine à Doraleh, Djibouti

Djibouti a depuis quelques années accueillit avec empressement l’arrivée du géant chinois dans ce détroit de Bab El Mandeb très convoité par les puissances étrangères, un amour idyllique à l’ardoise salée emprunt d’un surendettement qui menacerait sa souveraineté. En effet, le pays fait l’objet de nombreuses critiques quant à sa gestion financière, en particulier concernant son endettement massif auprès de la Chine et les allégations de corruption qui entourent ces transactions.

Au cours des dix dernières années, Djibouti a emprunté des milliards de dollars à la Chine pour financer des projets d’infrastructure d’envergure, dont des ports, des chemins de fer, et des zones franches. Pékin, avec son Initiative des nouvelles routes de la soie, a trouvé dans Djibouti un partenaire idéal pour établir une présence stable en Afrique et contrôler le passage maritime par le détroit de Bab-el-Mandeb. Mais derrière cette vision ambitieuse, les chiffres inquiètent. Djibouti est désormais l’un des pays les plus endettés, une dette estimée à plus de 70 % de son PIB détenue exclusivement par des créanciers chinois. Cette dépendance croissante soulève des inquiétudes concernant la soutenabilité de la dette, notamment en raison des coûts élevés de certains projets, qui dépassent souvent les estimations initiales.

L’endettement de Djibouti envers la Chine a des répercussions sur plusieurs fronts économiques. Tout d’abord, le pays est confronté à un fardeau croissant de la dette, avec des paiements d’intérêts qui pèsent sur les budgets nationaux. En 2022, le service de la dette a atteint 104 millions de dollars, représentant une part significative des dépenses publiques. Cette situation limite la capacité du gouvernement à investir dans d’autres secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et le développement social.

Des projets surdimensionnés et opaques

Parmi les projets phares financés par Pékin, citons la construction de la ligne ferroviaire Addis-Abeba-Djibouti, un projet de 4 milliards de dollars, et le port en eau profonde de Doraleh pour près de 500 millions de dollars. Si ces infrastructures sont présentées comme des leviers de développement, les retombées pour la population demeurent nébuleuses. Le coût exorbitant de ces projets contraste avec le niveau de vie local, et leur rentabilité est remise en question.

La transparence de ces transactions pose également problème. Les observateurs internationaux déplorent le manque d’informations publiques sur les conditions de ces emprunts. Les montants, les taux d’intérêts, et les délais de remboursement sont souvent tenus secrets, soulevant des doutes sur leur légitimité et leur pertinence pour l’économie djiboutienne. Les critiques les plus virulentes pointent du doigt la corruption qui gangrène les institutions djiboutiennes, permettant au proche de Guelleh de tirer profit de ces financements colossaux au détriment du reste de la population.

Une impasse pour le peuple djiboutien

La dépendance de Djibouti à l’égard de la dette extérieure exacerbée par la corruption dans les marchés publics et la mauvaise gestion des finances publiques suscite ben des inquiétudes. En Décembre 2022, Djibouti a annoncé suspendre le remboursement de sa dette envers la Chine en raison de difficultés économiques accentuées par la hausse des prix alimentaires mondiaux et la guerre en Ukraine. Le pays a renégocié sa dette liée au projet de chemin de fer avec l’ExIm Bank de Chine, allongeant la période de remboursement à 30 ans et étendant la période de grâce à 10 ans. Les termes de ce report n’ont pas été divulgués car nettement en désavantage pour la République de Djibouti.

La perte de souveraineté : un risque concret

Au-delà de l’endettement, la dépendance financière de Djibouti envers la Chine pourrait à terme compromettre sa souveraineté. Pékin détient aujourd’hui un pouvoir de négociation conséquent sur le pays, et peut, en cas de défaut de paiement, exiger des concessions stratégiques. Certains analystes craignent que, faute de remboursement, Djibouti ne soit contraint de céder le contrôle de certaines infrastructures clés à des entités chinoises. Le cas du Sri Lanka, qui a dû céder son port de Hambantota à la Chine pour rembourser sa dette, alimente ces craintes d’une perte de contrôle.

De plus, la forte présence militaire chinoise à Djibouti au départ évalué à un millier ont décuplés en quelques années émettant des craintes au plus haut niveau de l’Etat, Guelleh aurait fait part de ces inquiétudes à Macron lors de sa visite officielle à l’Élysée en juillet 2024. Un sentiment partagé par la population djiboutienne qui voit d’un mauvais œil ces aises chinoises à 5km du port de Doraleh.

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