
Le 11 décembre 2024, la capitale turque, Ankara, a été le théâtre d’un tournant majeur dans les relations entre la Somalie et l’Éthiopie. Sous l’égide du président turc Recep Tayyip Erdogan, un accord historique a été signé pour résoudre les différends persistants entre ces deux pays stratégiques de la Corne de l’Afrique.
Contexte et enjeux géopolitiques
L’Éthiopie, pays enclavé depuis la sécession de l’Érythrée en 1991, cherche depuis des décennies à garantir un accès durable et sécurisé à la mer. En janvier 2024, Addis-Abeba avait conclu un accord controversé avec le Somaliland pour obtenir une bande littorale de 20 km en échange d’une reconnaissance potentielle de l’indépendance de ce territoire. Cette démarche avait provoqué la colère de Mogadiscio, qui considère le Somaliland comme une région autonome relevant de sa souveraineté.
Les tensions géopolitiques entre les deux pays s’étaient aggravées, menaçant la stabilité régionale et les efforts internationaux pour lutter contre les milices islamistes comme les Chabab.
Les termes de l’accord
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont convenu d’abandonner leurs différends et de travailler ensemble pour une prospérité commune. Selon le texte, l’Éthiopie bénéficie désormais d’un accès maritime sous l’autorité souveraine de la République fédérale de Somalie. Des discussions techniques, prévues d’ici février 2025, doivent finaliser les modalités pratiques et résoudre tout désaccord résiduel.
En échange, Mogadiscio obtient des garanties de respect de sa souveraineté et l’assurance d’une collaboration renforcée avec Addis-Abeba sur les plans commercial et sécuritaire.
Médiation et rôle de la Turquie
Recep Tayyip Erdogan a joué un rôle clé dans cette médiation, soulignant l’importance de surmonter les différends historiques pour assurer la paix dans la région. La Turquie, déjà très présente en Somalie par le biais de projets d’infrastructure et d’aide humanitaire, renforce ainsi son influence géopolitique en Afrique de l’Est.
Réactions internationales
La communauté internationale a salué cet accord. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et l’organisation régionale IGAD ont qualifié cet événement de « percée diplomatique ». Les Nations unies et plusieurs partenaires, comme l’Érythrée et l’Égypte, ont encouragé les parties à poursuivre sur cette voie.
Perspectives et défis
Cet accord, bien que prometteur, laisse des questions en suspens. Les négociations à venir devront aborder des points sensibles, tels que l’utilisation éventuelle d’une base navale et la gestion des infrastructures portuaires. En outre, les tensions internes en Somalie, les intérêts stratégiques d’autres puissances régionales et les menaces des groupes terroristes restent des défis majeurs.
En signant cet accord, la Somalie et l’Éthiopie envoient un signal fort en faveur de la paix et de la coopération. Il s’agit d’une étape clé pour stabiliser la région et répondre aux aspirations de développement économique et de sécurité partagées par leurs populations.