Afar : les civils pris au piège d’une paix illusoire

Région Afar (Éthiopie) – Le 3 octobre, une femme a été abattue dans la localité de Gadamaytu. L’attaque, attribuée à des milices somali-issas, vient s’ajouter à une série d’agressions sanglantes contre des civils afar. Depuis décembre 2024, date de la cessation officielle des hostilités entre les régions Afar et Somali, au moins 95 personnes ont perdu la vie, dans une indifférence grandissante.

Femme Afar abattue dans la localité de gadamaytou le 03 Octobre 2025

Le mois d’août fut particulièrement meurtrier. Le 24 août 2025, deux fillettes ont été tuées dans la zone de Yangudi lors d’un raid contre des campements nomades afar. Quelques jours plus tôt, le 7 août, le massacre de Hanruka, où un père, une mère et leurs deux filles furent exécutés à coups de machettes, avait profondément choqué l’opinion nationale.

La répétition des attaques, qui visent de manière disproportionnée femmes et enfants, alimente l’idée d’une stratégie de terreur systématique. En s’attaquant aux plus vulnérables, les assaillants cherchent à provoquer l’exode forcé des communautés locales et à redessiner, par la violence, les équilibres démographiques de la région.

Enfants tués avec leurs parents à coups de machette à Hanruka le 07 Aout 2025

Le silence d’Addis-Abeba

Si l’accord de 2024 avait nourri l’espoir d’un retour à la stabilité, la persistance des violences démontre son caractère largement illusoire. Sur le terrain, les autorités régionales afar dénoncent une absence de protection et de réponse ferme de l’État fédéral.
Plus grave encore, certains responsables locaux estiment que l’inaction d’Addis-Abeba s’apparente à une forme de complicité tacite. Le pouvoir central, soucieux de préserver ses équilibres politiques avec la région Somali, fermerait volontairement les yeux, notamment en raison du soutien diplomatique et militaire que celle-ci reçoit du gouvernement djiboutien.

Fillettes tuées à Yangudi le 24 Aout 2025

Un peuple livré à lui-même

Ce silence officiel nourrit un profond sentiment d’abandon chez les Afars. Dans une Éthiopie en proie à des crises multiples, leur situation illustre les dérives d’un système fédéral incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens.

À chaque attaque, les mêmes questions reviennent : qui protège les civils ? Quel avenir pour les accords de paix quand l’État lui-même paraît absent ?
Pour les familles endeuillées, une certitude demeure : la paix proclamée ne les protège pas de la guerre qu’elles subissent au quotidien.

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